Effet des procédures de modélisation sur la distribution prédite des espèces par pièges photographiques

Consequences of modelling procedures on detecting environmental effects on species distribution from camera-trap data: implications for wildlife conservation
Clément Harmange, Thiago Silva Teles, Danilo Bandini Ribeiro, Anny M. Costa, Mauricio N. Godoi, Olivier Pays

DOI : https://doi.org/10.1017/S0266467425100187 

Résumé : Les pièges photographiques ont révolutionné le suivi de la faune. Cependant, il n’existe pas de méthode consensuelle pour analyser ces données. Nous avons étudié comment les procédures de modélisation couramment utilisées influencent la détection des effets environnementaux et quantifié les conséquences de ces choix sur les cartes de distribution des espèces, outils essentiels pour la planification de la conservation. Nous avons pris pour modèle le tapeti (Sylvilagus brasiliensis sensu lato), suivi au moyen de pièges photographiques dans une réserve indigène au Brésil. Nous avons comparé la capacité de deux approches de modélisation couramment utilisées (basées sur la présence/absence vs l’abondance, en tenant compte ou non de la détection imparfaite, et avec ou sans seuils de temps d’indépendance) à détecter les réponses de l’espèce aux variables environnementales. Nous avons ensuite comparé les cartes de distribution produites par chacune de ces procédures. Les modèles d’abondance ont mis en évidence des effets supplémentaires par rapport aux modèles de présence. Les modèles de présence ont détecté les mêmes effets environnementaux qu’ils tiennent compte ou non de la détection imparfaite. En revanche, les modèles d’abondance se sont révélés sensibles à la prise en compte de la détection imparfaite. Les modèles N-mixtes, qui contrôlent la détection, ont fourni des résultats cohérents quant à la nature, au signe et à l’ampleur des effets, que l’on applique ou non un seuil de temps d’indépendance de 30 ou 60 minutes. Ignorer la détection imparfaite ne devrait pas être une option pour l’analyse des données de pièges photographiques portant sur des individus non marqués. La modélisation hiérarchique, qui permet de modéliser séparément les processus de détection et les processus écologiques, devrait être privilégiée. Nous plaidons en faveur de l’élaboration de lignes directrices pour l’analyse des données issues des pièges photographiques.